Dans une tribune parue dans le quotidien Le Monde, le Département, aux côtés de 17 autres signataires, s'inquiètent des orientations budgétaires prises par le gouvernement. Ils déplorent "la promesse brisée pour nos territoires" au lendemain des Jeux Olympiques et en appelle au ministère de la Jeunesse et des Sports. Voici le texte, dans son intégralité.
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Au lendemain des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, la promesse d’un héritage durable pour le sport français s’effondre. Le désengagement de l’État et l’asphyxie budgétaire des collectivités condamnent l’accès au sport pour toutes et tous.
Un héritage oublié
Pendant des années, les Jeux ont été présentés comme une opportunité historique pour faire de la France une "Nation Sportive". Mais une fois la flamme éteinte, que reste-t-il de cet élan ? Le budget du ministère des Sports est amputé, le Pass’Sport réduit, et les deux heures de sport hebdomadaires en collège abandonnées. Pire, la loi sur l’héritage olympique a disparu avec la dissolution de l’Assemblée en juin dernier. À cette défaillance s’ajoute un coup de massue pour les collectivités : une contribution de 5 milliards d’euros leur est imposée pour le redressement des comptes de l’État. Les Départements, financeurs publics du sport à hauteur de 800 millions d’euros par an, n’échappent pas à cette pression. Or, dans un contexte où leurs recettes s’effondrent et leurs charges obligatoires explosent, ils n’ont plus les moyens de soutenir des politiques sportives pourtant vitales pour nos territoires.
Le rôle indispensable des Départements
Les Départements ne se contentent pas de financer des clubs sportifs et des équipements aux côtés des communes. Leur action vise à garantir l’accès au sport pour les plus fragiles. Cette action dépasse le cadre du loisir : le sport est un levier essentiel d’inclusion sociale, de prévention et d’émancipation. Pourtant, face à la crise budgétaire, les Départements, obligés de prioriser leurs compétences obligatoires, sont contraints de couper dans les budgets volontaristes, au premier rang desquels figure les subventions au sport, à la culture et aux associations.
Un choix aux conséquences lourdes
Réduire le financement du sport, c’est prendre des risques majeurs pour notre société :
Fragilisation du tissu associatif : Des milliers de clubs et d’événements sportifs locaux, essentiels au lien social, risquent de disparaître.
Hausse des coûts humains et sociaux : Moins d’activité physique signifie plus de problèmes de santé (maladies cardiovasculaires, diabète, dépression), et une montée des fractures sociales, notamment chez les plus jeunes.
Perte de cohésion territoriale : Les territoires ruraux et périurbains, déjà en perte de services publics, seront les premiers touchés.
Investir dans le sport, investir dans l’avenir
Le sport n’est pas un luxe. Il est une réponse concrète à des défis majeurs : fractures sociales, urgence sanitaire, isolement des personnes. Contraindre les collectivités locales à abandonner les politiques sportives, c’est prendre le risque d’une société plus divisée et plus vulnérable. Face à cette situation alarmante, nous appelons le gouvernement à :
Porter le budget du ministère de la Jeunesse et des Sports à un minimum de 1 % du budget de l’État.
Compenser les charges transférées aux Départements, pour leur redonner les marges de manoeuvre nécessaires.
L’héritage des Jeux ne peut se réduire à de belles images. Il doit se traduire par des moyens pour agir, partout, pour toutes et tous. Sans cela, les valeurs portées par le sport – solidarité, émancipation, vivre-ensemble – ne resteront qu’un souvenir.
Les signataires : Christelle Boucan, vice-présidente du conseil départemental de Dordogne déléguée à la jeunesse et aux sports ; Vincent Bouget, conseiller départemental du Gard délégué aux sports ; Marie-George Buffet, ministre de la Jeunesse et des Sports (1997-2002) ; Anthony Caps, vice-président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle en charge de l’attractivité ; Christelle Druillole, vice-présidente du conseil départemental de la Dordogne en charge de la jeunesse et du sport ; Isabelle Espinosa, vice-présidente du conseil départemental du Tarn déléguée aux sports ; Patrick François, vice-président du conseil départemental de l’Aude délégué à la vie associative, au sport et à la culture ; Ludovic Gouyette, vice-président du conseil départemental des Côtes d’Armor délégué à la jeunesse et aux sports ; Florestan Groult, vice-président de Lyon-Métropole chargé des sports ; Célia Helion, vice-présidente du conseil départemental de la Charente déléguée au sport et aux activités de pleine nature ; Jean-Pierre Jammes, vice-président du conseil départemental du Lot en charge du tourisme et des sports ; Martine Jardiné, vice-présidente du conseil départemental de Gironde en charge de la citoyenneté sociale et de la vie des territoires, de la jeunesse et des dynamiques sportives, culturelles et associatives ; Line Malric, vice-présidente du conseil départemental de la Haute-Garonne déléguée aux sports et au sport-santé ; Thierry Miguel, vice-président du conseil départemental de la Haute-Vienne en charge du sport et de la vie associative ; Roger Morazin, vice-président du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine délégué aux sports ; Louise Pahun, vice-présidente du conseil départemental de Loire-Atlantique déléguée aux sports ; Zaïnaba Saïd-Anzum, conseillère départementale de Seine-Saint-Denis déléguée au sport ; Dominique Sardeing, vice-présidente du conseil départemental de Tarn-et-Garonne déléguée à l’éducation, à l’enseignement supérieur et au sport.